Les jargons

Tommy Angelo
Par Tommy Angelo
C'est incroyable le dialecte qui peut émerger lorsque des gens ont un intérêt commun. Écoutez les discussions de n'importe quel professionnel ou groupe de gens qui ont un intérêt commun et vous n'y comprendrez probablement que dalle. Les mots auront pris un tel nouveau sens que vous aurez l'impression d'avoir besoin d'un mot de passe pour les comprendre.
C'est incroyable le dialecte qui peut émerger lorsque des gens ont un intérêt commun. Écoutez les discussions de n'importe quel professionnel ou groupe de gens qui ont un intérêt commun et vous n'y comprendrez probablement que dalle. Les mots auront pris un tel nouveau sens que vous aurez l'impression d'avoir besoin d'un mot de passe pour les comprendre. Comme plusieurs, j'utilise souvent la langue vernaculaire. Quelques-unes de mes favorites sont la Musicaliane, la Bridgese, la Scrabblebabble et la Échecisme. Mais de loin, mon dialecte préfélé est celui du Pokerspeak.

  • Un musicien pourra vous dire, « Joue la neuvième sur le quatrième accord pour ne pas faire de contraste avec la tierce mineure ».
  • Un joueur de bridge pourra vous dire, « Fais attention à tenir le compte parce que si la dame qui est à ta gauche est stackée, tu pourras la squeezer ».
  • Un joueur de scrabble pourra vous dire, « Je travaillais sur un xyst, en passant par un quay, lorsqu'un yak a mangé mon fez, et donc, j'ai enchainé avec un zax. »
  • Un joueur d'échecs pourra dire: « Je crois que c'est ton tour à jouer ».

Et qu'est-ce qu'un joueur de poker dira? Eh bien, quelques personnes en dehors du monde du poker croient que le poker est un jeu de dur à cuir et notre jargon n'aura rien pour les inciter à penser le contraire.  Mettez-vous dans la peau d'une personne normale. Imaginez ne pas comprendre la signification des mots « carreau » et « folder ». Et donc, un jour, vous entendez ceci:

« Un joueur a limpé dans un pot avec de la rag. Je me suis réveillé avec deux cowboys et j'ai donc poppé. J'ai été battu toute la soirée. Ce joueur était très cochon et tiltait solide. Par la suite, il me relança. J'ai capé la mise, obv. J'ai floppé solide avec un roi sur le board, mais il y avait deux trèfles. J'ai frappé ma full sur la 4e street. Et comme si ce n'était pas assez, il frappa sa flush sur la rivière et il commença à me barreller solide ».
Yowza!  C'est ce que j'appelle de l'imagerie colorée!  Pour l'oreille peu habituée, ce discours pourra certainement être très confus et violent. Mais sachez que l'agression est la clé dans ce jeu!

Aux échecs, ils disent, « Je te capture ».  Au backgammon, ils disent, « Je te bloque. »  Nous disons,  « C'est drawing dead ».  Peu importe comment vous analysez notre jargon, il est beaucoup plus courageux.  Si je n'étais pas un joueur de poker, je les envierais, surtout en entendant des phrases du genre, « Il frappa sa flush sur la rivière. »
 
Quelques nouveaux mots

Les mots arrivent et repartent rapidement. C'est encore plus évident quand on pense aux termes technologiques. Des nouveaux mots arrivent comme « gigabyte » ou « Internet ». Il y a même des mots communs qui prennent une autre signification comme « WIndows » et « souris ».  Je me demande ce que les gens pouvaient s'imaginer il n'y a pas si longtemps lorsque je leur disais que j'avais un bogue sur mon disque dur.
La langue se développe. Elle se développe grâce à notre esprit. Les mots les plus ajustés à notre réalité survivent parmi le lot.  Les mots les moins utilisés sont mis de côté pour laisser place aux alternatives. Il n'y a pas de « bon » ou « mauvais » dans l'existence des mots.
Par exemple, sur la Côte Est, une straigh à l'as est nommée « Broadway ».  Après avoir joué 2 ans sur la Left Coast, je n'avais pas entendu une seule fois cette expression. Ici on disait une grosse straight simplement.

Dans ma ville natale, le mot « nuts » était rendu passé de mode. On disait plutôt « boIts » au lieu de « nuts and bolts ». Ensuite, un gars commença à dire : « nuts and berries ». Cette expression perdura. Quelques temps plus tard nous disons tous « j'ai les berries », si nous étions assez chanceux pour les avoir. Oui, la langue est quelque chose de changeant!