Profiling

John-VorhausCompte tenu du rythme soutenu auquel le poker online se joue, il devient important non seulement d'observer vos adversaires, mais aussi de le faire rapidement et efficacement de manière à savoir immédiatement comment réagir.
Traduit par John T. Chance.

Compte tenu du rythme soutenu auquel le poker online se joue, il devient important non seulement d'observer vos adversaires, mais aussi de le faire rapidement et efficacement de manière à savoir immédiatement comment réagir. Il ne s'agit pas tant d'accumuler des informations à long terme sur un adversaire (encore que vous puissiez le faire, c'est utile), mais d'observer les habitudes d'un joueur, donner une étiquette à ces habitudes, et ensuite utiliser cette étiquette pour avoir une idée claire sur le genre de joueur que vous affrontez présentement. Les joueurs vont évoluer, bien sûr - alors, il vous faudra modifier votre étiquette. Mais l'ordre du jour sera tout d'abord d'attribuer une étiquette afin d'évaluer la probabilité que joueur particulier joue d'une certaine manière.

Certes, vous faites un certain nombre d'hypothèses et certes, ces hypothèses ne sont pas étayées par une grosse base statistique. Néanmoins, j'affirme qu'un joueur qui a démontré sa capacité de bluffer en effectuant un check-raise mérite une désignation différente – même si c'est une désignation provisoire et spéculative – d’un joueur qui a montré une forte tendance à appeler la mise pour finalement se coucher. Donc, il faut regarder les habitudes afin de déchiffrer les codes, et ensuite résumer l'impression que l’on a de notre adversaire en lui donnant une étiquette et en tapant cette étiquette dans la fenêtre qu’Ultimate Bet nous fournit à cet effet, pour notre bon plaisir de preneur de notes.

Beaucoup de joueurs sur internet dénigrent cet effort. Ils voient tellement rarement un même adversaire plus d'une fois qu'ils ne voient pas d'intérêt à tenir un registre (prendre des notes) sur eux dans la maigre éventualité qu'ils rejouent ensemble plus tard. Mais vous jouez contre eux maintenant, non ? Alors, pourquoi ne pas conserver les informations notables tandis qu'elles vous sont disponibles ? Nommer une chose, c'est la posséder. Demandez à Adam et Eve, à qui Dieu avait offert la domination de toutes les choses vivantes et le droit de les nommer. Une fois que vous aurez condensé les habitudes d'un adversaire dans une catégorie définissable, vous serez plus en mesure de le maîtriser. Même si votre supposition n'est qu'à moitié vraie, ça vaut mieux que d'aller par tâtonnement de gaffe en gaffe contre un adversaire non étiqueté. Surtout quand il est si facile d'apposer l'étiquette.

Ce qui suit est une liste de quelques-unes des catégories dans lesquelles je range de manière routinière les joueurs que j'affronte et les caractéristiques qui y sont associées. Prenez un moment pour compléter mes définitions. Supposez, en d'autres termes, ce que vous vous attendriez à rencontrer chez un joueur avec telle ou telle étiquette. Remarquez le nombre d'informations à propos d'un joueur qui peuvent être déduites de sa catégorie. N'ayez pas peur d'avoir tort dans vos suppositions. C'est apprendre à faire des suppositions qui est important – et c'est plus que ce que la plupart des joueurs s'embêtent à faire. Si nommer une chose est la posséder, alors définir un adversaire, étendre et développer votre définition, c'est détenir l'acte de propriété de sa maison.


KASHER
Un joueur kasher est simplement simple. Franc et honnête, il joue sa propre main sans trop penser à la vôtre. N'ayant pas grand-chose à offrir pour vous duper, il mise, suit, relance, ou se couche en fonction de la véritable force de sa main. Prenez ses actions pour ce qu'elles paraissent être. Le plus gros piège de son répertoire doit être le check-raise ; un check-raise en bluff et au-dessus de ses capacités.


TIMMY
Raccourci de "Timmy le timide", ce joueur est faible, passif, et incapable de faire quelque move soudain pour ne pas se donner de sueurs froides. Les Timmies ne jouent pas pour gagner, ils jouent pour ne pas perdre. Conséquemment, vous les trouvez en quantité impressionnante dans les étapes intermédiaires des tournois, mais rarement à la table finale. Attaquez agressivement les flops qui ne sont pas contestés par un Timmy. Il ne se défendra pas à moins d'avoir une vraie main.


SPRINTER
Un sprinteur est un joueur dangereux. Il joue vite dans tous les sens du terme, et l'une des raisons de la rapidité de son jeu et de vous pousser à jouer vite aussi. S'il est meilleur que vous pour analyser et agir à brûle-pourpoint, il peut faire de l'argent dans les situations marginales, il essaye donc d'accélérer le rythme du jeu, non seulement par ses choix rapides, mais par ses relances et surrelances hasardeuses. Prenez votre temps contre un sprinter. Faites une pause pour prendre vos décisions. Non seulement cela vous assurera de bien penser tous les aspects du problème, cela le frustrera en cassant son rythme.


WALLY
Un Wally (diminutif de Cally Wally) est un joueur loose et faible. Les Wallies suivent trop, ne se couchent et ne relancent pas assez, et ils chassent toutes sortes de tirages sans considération, ni même connaissance, des cotes du pot. Ils suivront habituellement des relances avant le flop avec des mains faibles, mais, paradoxalement, ils ne relanceront préflop que les toutes meilleures mains. Comme leurs cousins les Kashers, ils préfèrent piéger plutôt que bluffer. Assoyez-vous contre un Wally et vous pourrez miser vos bonnes mains éternellement, car il ne vous fera jamais de bluff en relançant. En contrepartie, vous ne pouvez pas bluffer un Wally car ses calls-avec-la-plus-petite-paire auront raison de vous.


VIVACE
Un joueur vivace est sans peur, créatif, difficile à jauger et il est difficile de lui attribuer une main. Il relancera avec n'importe quoi ou rien, et il peut piéger, bluffer et inciter à payer. Il peut jouer ses bonnes mains avec force ou faiblesse. Les joueurs vivaces jouent beaucoup de mains et les jouent bien, mais on peut les battre en les piégeant, car leur propre vivacité les fera souvent surjouer leurs mains.


A L'AISE
"A l'aise" désigne une grande classe de joueurs qui cherchent plus à être à l'aise autour de la table qu'à jouer un poker correct. Reconnaissez-les à la fierté avec laquelle ils vous montrent leurs bluffs réussis et leurs bons folds. Les « à l'aise » ont des problèmes d'égo. Ils ont sans cesse besoin d'approbation extérieure, et ce besoin leur fera révéler beaucoup trop de choses sur leur jeu. Faites tout ce qui est en votre pouvoir pour renforcer leur sentiment de supériorité et leur fatuité. Faites-les se sentir bien et ils resteront pour perdre tout leur argent contre vous.


HARGNEUX
Les hargneux sont une variation sur le thème des « A l'aise ». Ils veulent être contents de leur jeu et ils y parviennent pour une grande part en vous disant à quel point le vôtre est mauvais. Bien qu'il soit éventuellement possible que leurs réflexions enragées soient en fait un rôle qu'ils jouent, il est beaucoup plus probable qu'ils aient émotionnellement perdu tout contrôle. Cela ne devrait pas nous surprendre, car la communauté de joueurs online est pleine de jeunes – principalement des garçons – qui n'ont pas encore appris à apprivoiser leur tempérament volcanique.


ORTHODOXE
Un orthodoxe tâche de jouer correctement en fonction des mains de départ et des stratégies qu'il a apprises au cours de ses recherches. Il est techniquement précis, mais il manque de "feeling". Il jouera de manière prévisible et ratera des opportunités que d'autres joueurs, plus créatifs, auraient saisies. Il ne se fera sans doute pas trop de mal dans quelque jeu que ce soit – mais il ne vous fera probablement pas de mal non plus.

Il y a bien sûr des mélanges ou des hybrides de ces catégories. Vous pouvez trouver des kasher-Timmy ou des sprinters-vivaces ou des orthodoxes hargneux (qui joueront correctement jusqu'à ce qu'ils perdent leur sang-froid). La manière dont vous définissez un joueur n'a vraiment pas d'importance, et il ne sert à rien d'être trop obsédé par l'idée de faire entrer les joueurs dans des types. Après tout, si vous tenter absolument de tout faire entrer dans une case trop précise, cette case finira par ne plus rien dire. Mais l'effort d'assigner des catégories à vos adversaires est payant quel que soit le mot que vous utilisez, peu importe même le degré de précision, car vous prenez alors l'habitude de penser activement à la manière dont vos adversaires pensent et aux correspondances entre les habitudes dans leur jeu et les types d'habitudes que vous avez déjà rencontrés. Alors la prochaine fois que vous jouez, faites l'effort d'analyser vos adversaires et de leur attribuer vos propres catégories. Au moins, vous y gagnerez en confiance : la confiance qui vient du fait de savoir que vous les avez nommés.