Le Tilt - Causes, symptômes et traitement

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Un joueur en tilt souffre. Cela n'est pas un concept abstrait : il souffre vraiment. Son ventre le tiraille, sa tension sanguine augmente, ses battements cardiaques s'accélèrent, des centaines de muscles se contractent et son esprit angoisse. Le corps émet en réalité de nombreux signaux de danger et le joueur ne souhaite qu'une chose : que cela cesse. Comment en finir avec cette souffrance ? En gagnant, évidemment !!!

Par Thomas ‘PokerEven' Corlaix

 

Ceux d'entres vous qui suivent la progression de ma bankroll sur mon blogue savent que j'ai perdu dernièrement plus de 3 buy-in et, puisque je n'ai pas une gestion très rigoureuse, cette somme représentait plus de 15% de mon fond de roulement. En y réfléchissant, je pense avoir continué à jouer en « Tilt » un bon moment alors que j'aurais probablement pu limiter les dégâts en arrêtant plus tôt de jouer. Je rédige donc aujourd'hui cet article pour tenter de déterminer objectivement qu'elles sont les symptômes du « Tilt », leurs causes et les moyens de les traiter... et également en espérant que cela me serve de thérapie...

 

Les symptômes du Tilt

 

Un joueur en tilt souffre. Cela n'est pas un concept abstrait : il souffre vraiment. Son ventre le tiraille, sa tension sanguine augmente, ses battements cardiaques s'accélèrent, des centaines de muscles se contractent et son esprit angoisse. Le corps émet en réalité de nombreux signaux de danger et le joueur ne souhaite qu'une chose : que cela cesse. Comment en finir avec cette souffrance ? En gagnant, évidemment !!! Et voilà : notre joueur, prêt à prendre des risques qu'il n'aurait jamais pris en temps normal pour faire cesser la détresse qu'il ressent, tente de se refaire... Son jeu se dégrade et s'il n'arrive pas à se maîtriser, ce sera l'avalanche : changement de limite, ouverture de trop nombreuses tables, erreurs de jugement fréquentes, etc. Dans le pire des cas, il y laissera son fond de roulement entier avec la terrible impression d'être le roi des cons... (Je parle en connaissance de cause, humm, passons...)

 

Ses causes

 

Le tilt est principalement causé par la perte, l'orgueil et/ou la colère. La notion de perte est relative : ainsi, une personne avec une bankroll de 500$ sera probablement très peu affectée de sortir d'un tournoi avec un buy-in de 5$ sur un badbeat. Par contre, le joueur avec une bankroll de 100$ à l'origine, réduite désormais à 49$ et qui vient d'encaisser 3 badbeats de suite alors que le retrait minimum est de 50$ sera, lui, beaucoup plus sensible à cette perte.

 

Le joueur orgueilleux sera également sujet au tilt. Typiquement, il voudra punir un joueur d'avoir gagné une ou plusieurs rencontres parce qu'il estime que ce joueur le mérite. Syndrome du : "Mais je vais me le faire ce donk !". Il tentera alors des « moves » dangereux pour piéger sa cible et finira par se piéger tout seul (j'adore ce type de joueur, vous savez le petit teigneux qui à décidé de jouer tous les pots où vous êtes par pure vengeance).

 

Imaginez maintenant le gars qui s'installent devant son ordinateur après s'être disputé avec sa chérie parce qu'il joue trop (un classique !) ou bien celui qui sort du boulot après une réunion avec son "abruti de supérieur qui ne comprend rien" : ce joueur est déjà tendu et prédisposé à perdre son calme à la première « injustice ». Si vous êtes colérique de nature et passer votre temps à hurler devant votre pc à chaque badbeat, ce jeu n'est définitivement pas pour vous. Trouvez un autre exutoire (ou ma table), car le poker risquerai d'être couteux pour vous.

 

Le traitement

 

Comme le dis l'adage : il vaut mieux prévenir que guérir...
Vous devez donc vous préparer au tilt. Tous les joueurs l'ont expérimenté et vous devrez probablement y faire face encore malgré la lecture de cet article (comment ça, je ne sers donc à rien ?!?). La façon dont vous gérez vos tilts fait parti du jeu au même titre que votre aptitude à jouer les cartes ou la psychologie du joueur qui vous fait face. Un bon moyen de réduire la fréquence de cet épisode est de gérer sa bankroll de façon rigoureuse. Ainsi, vous pourrez plus facilement accepter la perte d'une ou deux caves avec bankroll confortable de 25 buy-in que lorsque cela vous fait perdre prêt de 50% de votre investissement. Apprenez à vous connaitre, déterminer votre seuil de tolérance face à la perte et fixez vous une limite par session. Par exemple, je viens de décider que si je perdais 2 caves dans une session, j'arrêterais immédiatement de jouer pendant au moins 1H. Puis, si éventuellement je décidais de rejouer, je ne le ferais qu'après avoir analyser ma session perdante. Il faut également accepter le fait d'être parfois malchanceux. Dans une rencontre où votre adversaire à 3 outs à la river, vous en perdrez inévitablement quelques uns à long terme (plus ou moins 7% du temps) : c'est tout à fait normal et il faudra faire régulièrement avec.

 

Si vous n'arrivez pas à prévenir le tilt avant qu'il n'atteigne une phase critique, vous devrez lutter contre les symptômes décrits plus haut et renoncer à l'espoir de gagner rapidement pour apaiser votre mal-être, car vous ne pouvez plus objectivement jouer votre meilleur poker dans cette situation. Quittez l'ordinateur, passez à autre chose - quelque chose de physique de préférence - ; cela éliminera les symptômes physiques plus rapidement. Allez courir avec le chien, jouez avec vos enfants, nettoyez le four, etc. Votre corps répondait à une situation de danger qui n'était pas vraiment réelle, le priver des stimuli (le jeu) devrait l'apaiser. Profitez-en pour relativiser un peu votre perte ; après tout, vous n'avez pas le cancer des testicules et peut-être même que vous êtes toujours positif globalement, mais n'avez pas supporté de perdre en quelques heures 100$ des 150$ de gains que vous avez péniblement amassé en 1 mois.