Illusion #2 : Facile, la vie de patron

I must follow the people. Am I not their leader?

—Benjamin Disraeli

Je suis en affaire depuis 6 ans maintenant et j'apprends toujours à vivre la vie de patron. Lorsque j'étais salarié, je regardais les propriétaires des entreprises où je travaillais avec envie. À l'époque, je me disais que la vie de patron était enviable, avec l'horaire flexible et la délégation de tâches qui venait avec. Maintenant, je sais qu'il en est tout autrement.

Ce texte n'est pas une tentative de créer de la pitié autour des patrons, entendons-nous. Par contre, certaines illusions subsistent quant au rythme de vie associé à l'entreprenariat.

 J'entends souvent des gens s'exprimer sur leurs intentions de se lancer en affaire et d'enfin devenir le patron et de gérer leur entreprise. Certains facteurs intangibles doivent être pris en considération avant d'appuyer sur le bouton business.

La solitude du gestionnaire

Vous connaissez cette expression? Pour résumer simplement, la solitude du gestionnaire est la perception d'isolement que ressentent les personnes en position d'autorité lors des moments cruciaux. Quand les choses vont moins bien, le réflexe naturel est de se tourner vers la personne responsable afin qu'elle prenne les bonnes décisions et règle le problème.

Il est rassurant d'avoir quelqu'un pour nous épauler et valider nos décisions, voire, les prendre à notre place. Que ce passe-t-il lorsqu'on est le dernier palier hiérarchique?

J'ai senti cette solitude à plusieurs reprise et au fil du temps, j'ai appris à l'apprivoiser et y prendre goût. Je me plais à croire que quand tout va mal, si je suis la personne responsable, je prends les responsabilités qui me reviennent afin de régler la situation. Aussi inconfortable soit-il, ce rôle est nécessaire et important. Cependant, il peut devenir usant de toujours être la personne qui règle les problèmes dont personne ne veut s'occuper. Je suis chanceux, j'ai la chance de travailler avec du personnel de haut calibre et je n'ai pas souvent à régler de problèmes graves. Par contre, je suis toujours prêt et à l'affût.

Le syndrome de l'imposteur

1er Juin 2008; je me présente au restaurant qui m'appartient depuis quelques heures seulement afin d'en reprendre les rênes. Je me rappelle encore aujourd'hui comment je me sentais à l'époque. Quelques jours seulement avant de débuter à titre de patron, j'étais salarié dans une grande entreprise de vente au détail. Du jour au lendemain, je devais passer d'employé à employeur.

Ce serait mentir de dire que j'étais confortable avec ce changement. Pourquoi soudainement j'aurais le droit et le jugement nécessaire pour donner des ordres et organiser le travail? Ma situation est probablement peu fréquente (heureusement pour la société!) mais le sentiment d'imposture reste fréquent. Comment y remédier?

Simplement en restant les deux pieds sur terre. Parlez à un officier vétéran des forces armées et il vous dira invariablement la même chose: sans les membres du rang d'expérience, il n'aurait jamais pu apprendre et prendre du galon. La même chose s'applique sur le marché du travail. C'est en écoutant les employés d'expérience et en les incluant dans les processus décisionnels qu'on vainc le sentiment d'imposture.

Vous êtes la personne avec le plus de libertés et le plus de contraintes

Être employeur, c'est avoir la liberté de son horaire. Si une journée vous devez rester plus longtemps pour régler un dossier, personne ne vous en empêche. À l'inverse, vous avez un rendez-vous chez le médecin le lendemain matin? Pas besoin d'appeler pour avertir de votre absence. La belle vie, non?

En réalité, vous pouvez faire ce qui vous chante, mais comme nous avons discuté plus haut, vous êtes toujours ultimement la personne en charge. Vous voulez partir en vacance 2 semaines? Assurez-vous que toutes les variables sont couvertes avant de quitter. Vous ne pouvez jamais quitter la tête pleinement libre puisque vous avez toujours des responsabilités sur les épaules. Je ne compte plus les fois où j'ai dû me déplacer au commerce pour régler des problèmes durant mes journées de congé. Je le fais avec plaisir puisque c'est mon entreprise, mais c'est quelquefois plus difficile que d'autres.

Arrête de te plaindre David

Oui, d'accord, je sais que tout ça sonne bien déprimant et négatif. En réalité j'adore le style de vie d'entrepreneur et la liberté qui vient avec. Avec les nombreux projets qui m'occupent, je ne pourrais pas vraiment m'attacher à un travail standard style 9 à 5. Malgré les responsabilités et le stress qui vient avec la fonction, je ne changerais pas de chemin pour rien au monde.

En fait, j'y ai réfléchi sérieusement à plusieurs étapes de mon cheminement de carrière. Chaque fois, j'ai réalisé que d'accrocher mes patins entrepreneuriaux serait la pire chose qui pourrait m'arriver. Je ne suis pas différent de la minorité d'entrepreneurs au Québec qui travaillent tous les jours afin de bâtir leurs entreprises.

Prochain texte : Illusion #1 : L'entreprenariat n'est qu'une question de business et d'argent

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