Illusion #1 : L'entrepreneuriat n'est qu'une question d'argent

"There is only one success–to be able to spend your life in your own way".

– Christopher Morley

Maintenant que nous en sommes au dernier texte de la série sur les illusions communément rencontrées lorsqu'on parle entrepreneuriat, vous commencez sûrement à comprendre le schéma. Je ne reviendrai pas sur tout ce qui a été écrit dans les derniers textes, mais j'aimerais amener un dernier point à propos de l'argent avant de conclure la série.

Je pourrais écrire un roman sur le sujet, mais résumons la situation ainsi: au Québec, l'argent est tabou et le succès pratiquement sujet à la honte. En fait, seules les vedettes du show-business et du sport peuvent s'enrichir à souhait tout en attirant l'admiration. Ironiquement, les grands bâtisseurs entrepreneuriaux sont souvent dénigrés et mal perçus par la société. Pourquoi un artiste ou un joueur de hockey peut gagner des millions avec son talent, mais pas un entrepreneur qui emploie des milliers de personnes?

Comment rétablir une vision glorieuse des grands (et petits) entrepreneurs d'ici? Selon moi, en détachant l'argent de la vision collective de entrepreneuriat.

 Un mode de vie

J'admire sincèrement les sportifs de haut niveau. Ceux-ci vivent dans l'attention constante des médias, s'entraînent sans relâche pour être au sommet et vivent réellement leur sport (sauf peut-être Tom Gilbert). Chaque journée est dédiée à peaufiner leur art afin d'être au sommet et gagner. Ultimement, le sport n'est qu'un plaisir temporaire qui n'a que peu d'incidence sur l'histoire de l'humanité. Pourtant, P.K. Subban reçoit plus d'éloges ou de critiques en une semaine que n'en recevront la majorité des grands bâtisseurs d'ici dans leur carrière.

En terme comparatif, être entrepreneur est autant un mode de vie que celui de joueur de ballon-balai. Pour se démarquer et avoir du succès, on doit sans cesse revoir nos méthodes, repenser les paradigmes pour tirer profits des faiblesses du marché. Je ne vous apprends rien en répétant une fois encore ces éléments, vous, Ô lecteurs assidus. Pourtant, la société ne semble pas comprendre le message.

Pas seulement une question de business

L'entrepreneuriat n'est pas toujours une question de business et d'argent. Fonder un club de tricot dans votre village est une forme d'entrepreneuriat. Décider de son plan de carrière et exécuter le plan? De l'entrepreneuriat. Organiser le 60e anniversaire de mariage de vos animaux de compagnie? Okay, vous avez compris le concept.

Les étapes de création de projet en entreprise ne sont pas vraiment différentes de la moyenne des projets dans la vie de tout un chacun. Certes, être entrepreneur est plus risqué que caissier chez Canadian Tire (je vous salue au passage, chevaliers du code-barre). Par contre, outre le risque, l'entrepreneuriat n'est au fond qu'un exercice profond et complet de résolution de problèmes.

À différents niveaux, nous sommes tous capables de trouver des solutions aux problèmes qui nous entourent. Pour certains, c'est un exercice exténuant et désagréable. Pour d'autre, moi le premier, chaque défi et problème que la vie met sur mon chemin est une opportunité de faire mieux que le citadin moyen.

D'accord, je suis fondamentalement extrêmement compétitif, mais tous sont capables d'en faire autant. Il s'agit simplement de le vouloir.

Le faire pour les bonnes raisons

Ce qui m'amène à vous parler des raisons qui poussent les entrepreneurs à se lancer en affaire. Pour certains, c'est une question d'ego et de prestige. Pour d'autre, une manière de décupler leurs revenues et s'assurer d'un mode de vie confortable. À chaque entrepreneur son histoire et ses motivations. Bien sûr, comme n'importe qui, nous ne travaillons pas pour de l'amour et de l'eau fraîche. Par contre, l'argent vient souvent très loin dans les priorités des entrepreneurs à succès.

Selon une étude de l'université Princeton, le salaire maximisant le bonheur se situe autour de 75,000$ par année. Pour chaque dollar gagné suivant ce palier, le bonheur marginal qui en résulte est de moins en moins élevé. Après tout, après 3 jets privés et 2 Lamborghini, on commence à avoir fait le tour du jardin. Pourquoi entreprendre alors?

Vous connaissez sans doute la pyramide de Maslow. Selon ce modèle, l'homme a des besoins de plus en plus complexes au fil de l'ascension de la pyramide. Débutant par le besoin pressant de se nourrir et ne pas mourir de froid, le modèle se termine au 5e palier par le besoin de s'accomplir. Selon ce modèle, c'est en se réalisant comme personne, à travers les projets, les succès et le lègue de bâtisseur, qu'une personne trouvera le réel bonheur. Comment cela se transmet vers la réalité?

Pas toujours une question d'argent

La réponse évidente est de construire une entreprise à succès qui emploie des milliers de personnes. Par contre, je vous invite à consulter la liste des administrateurs des organismes à but non lucratif de votre communauté. Vous y trouverez invariablement des gestionnaires et entrepreneurs qui s'y joignent avec la volonté de redonner à leur communauté. À ma connaissance, les administrateurs de ces organismes n'en retirent aucun salaire ni bénéfice monnayable. Au contraire, ceux-ci contribueront invariablement de leur poche à la énième levée de fonds pour acheter de nouveaux livres aux enfants dans le besoin ou encore financer l'achat d'équipement pour l'hôpital de la ville.

C'est ce qui m'amène à la conclusion suivante: vous êtes tous entrepreneurs

D'accord, on dirait une morale finale d'un épisode de Robin et Stella (vous devez être nés avant 1986 pour comprendre), mais c'est tout de même vrai. Sans le réaliser, vous entreprenez tous à différents niveaux une foule de projets qui nécessitent créativité, sens des responsabilités et développement d'une vision long terme.

Pourquoi ne pas transposer ce modèle vers votre carrière? Peut-être que vous ne le croyez pas, mais l'entrepreneuriat est bel et bien une carrière qu'on peut choisir. Cette carrière est évidemment plus houleuse que ses alternatives. Mais au final, qu'est-ce qui crée vraiment un sentiment d'accomplissement dans son travail? Accomplir la même routine abrutissante, ou trouver la solution au problème qui mine la productivité du bureau depuis des semaines?

À moins d'être purement sadomasochistes, vous trouvez tous d'une façon ou l'autre du plaisir dans votre travail. Ce plaisir vient souvent d'un des deux facteurs classiques, soit l'accomplissement professionnel et les relations interpersonnelles. L'entrepreneuriat vous offre tout cela, et bien plus encore. Il s'agit seulement d'entrouvrir le rideau et de voir plus loin que les grands schémas de peur qui entourent ce mode de vie. Le tabou monétaire est une lubie collective qui mérite l'échafaud intellectuel. N'ayez pas peur et foncez, le succès ne viendra pas de lui même.

Morale de la fin

Si je recevais un dollar pour chaque point d'interrogation dans ce texte, je les aurais mes Lamborghini.

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