Ne justifiez pas leurs appels optimistes

Par Tommy Angelo
Dans la dernière section, nous avons appris à éviter de donner de trop bonnes cotes implicites à nos adversaires. Mais il y a une autre règle qu'il faut connaître: Ne justifiez pas les appels optimistes de vos adversaires.

 


Qu'est-ce que j'entends par: « appels optimistes de vos adversaires? ». Bien, supposons que vous misez l/15 de votre stack avec une bonne main. Votre adversaire appelle avec une gutshot parce qu'il figurera qu'il la frappera une fois sur 11 et qu'il s'imagine vous stacker si jamais il frappe, lui donnant 40 fois son investissement initial.

S'il a raison et qu'il vous stack lorsqu'il frappe sa straight, en plus de lui avoir donné de très bonnes cotes implicites, vous avez fait l'erreur de « justifier son appel optimiste ». Si, d'un autre côté, vous vous couchez avec qu'il ait votre stack en entier, vous avez joué correctement.

Plusieurs joueurs de Hold'em sans limites ont les yeux plus gros que la pense. Ils appellent souvent des mises décentes avec des longshots parce qu'ils assument que s'ils frappent leur carte, ils vous stackeront un bon pourcentage du temps. S'ils sont dans l'erreur et qu'ils ne vous stack qu'un petit pourcentage du temps, ils vont perdre de l'argent sur le long terme en faisant ces appels.

Vous pouvez utiliser cette tendance aux appels-lousses pour refuser d'offrir de trop grosses cotes implicites ou pour justifier leurs appels optimistes. Ce qui veut dire qu'avant de miser avec des bonnes mains, vous devriez mentalement décider si vous êtes partant ou non pour payer des grosses mises avec votre main. (Évidemment, certaines fois vous déciderez d'une méthode et changerez d'idée par la suite, mais peu importe, vous devriez toujours vous demandez, à vous-même: « Est-ce que je suis prêt à perdre autant? ».

Que vous misiez ou relanciez, ayez toujours une réponse en tête à la question: « Est-ce que je suis prêt à appeler des grosses mises avec cette main ou si je vais me coucher contre une grosse mise ou relance? »

Si vous êtes prêt à perdre gros, vous devriez éviter d'offrir de trop grosses cotes implicites aux joueurs avec beaucoup de tirages. Misez suffisamment pour que s'ils appellent, ils perdent de l'argent sur le long terme même s'ils se font payer d'une grosse mise lorsqu'ils compléteront leur main.

Si vous n'êtes pas prêt à payer de grosses mises (parce que vous ne pensez pas que votre adversaire bluffera assez souvent), considérez que votre adversaire sera prêt à appeler de grosses mises même avec de faibles tirages pour tenter de vous stacker. S'il le fait, pensez au fait que vous ne voudrez pas justifier leurs appels optimistes. Misez d'un montant qui aura l'air suffisamment petit, mais que vous saurez être trop gros pour l'appel parce que vous ne voudrez pas finir stacké.

Par exemple, supposons que vous ayez:

Ah-Qh

sur le bouton contre un seul adversaire sur un flop
Qs-8d-3h

Il y a 100$ dans le pot et il ne vous reste plus que 800$ dans votre stack. Avec une main si forte et autant à miser encore, vous aimeriez bien que tout votre stack soit dans le pot à la fin de la main. Donc si votre adversaire pense qu'il peut appeler une mise au flop en espérant frapper sa carte chanceuse sur le tournant, il aura raison. Il pourra vous laver de cette manière.

Dans ce cas, vous devriez miser suffisamment sur le flop pour éviter d'offrir à votre adversaire de trop hautes cotes implicites pour ses tirages potentiels. Dans ce cas, le tirage potentiel le plus probable est une paire intermédiaire ou une petite paire, une main comme 9s-8s. Avec 5 outs (ignorons la backdoor flush pour alléger le calcul), il aura du 5/45 ou du 8 pour 1. Avec 100$ dans le pot et 800$ derrière votre stack, cela fera 900$ qu'il pourra gagner au total.

S'il suit ici avec un neuf, 3/5 du temps sa main s'améliorera et vous aurez 8 outs (trois as, deux dames et trois trois). S'il y va avec un huit, vous aurez à présent plus que 2 dames. Donc s'il y va sur le tournant, vous aurez un tirage mort 12,7% du temps.

0,127 = (3/5) (8/44) + (2/5) (2/44)

Donc, en moyenne, lorsqu'il ira voir le tournant et que tout son argent ira au milieu de la table, il gagnera 900$ 87,3% du temps et il perdra 800$ 12,7% du temps. Son gain potentiel dans cette situation sera de 684,10$.

Il aura des cotes de 8 pour 1 pour faire sa main et il gagnera en moyenne 684,10$ lorsqu'il la complétera. Vous devriez miser au moins $684,10/8=85,51$ pour éviter de lui offrir de trop grosses cotes implicites. Si vous ne misez pas au moins 85,51$ vous rendrez son appel profitable. Une mise de la taille du pot de 100$ sera parfaite. Une mise un peu supérieure à la taille du pot, quelque chose comme 120$, sera encore meilleure si votre adversaire est prêt à faire l'appel avec une paire intermédiaire.

Mais qu'en est-il si vous avez 5000$ derrière vous au lieu de 800$? Maintenant, une erreur pourra être très coûteuse. Pour éviter d'offrir de trop bonnes cotes implicites à votre adversaire avec une paire moyenne ou une gutshot, vous aurez à miser plusieurs fois le pot. Et si vous faites cela, vous n'aurez d'action des mains comme 2 paires ou un set.

Tandis qu'une main comme Ah-Qh paraîtra excellente sur un flop du genre Qd-8d-3h, ce n'en est pas si certain. Et lorsque vous investirez 5000$ pour protéger le 100$ du pot, les quelques fois où vous serez perdant seront destructrices. Au lieu de ça, vous devriez tenter de déterminer la somme que vous êtes prêt à perdre pour trouver où vous vous trouvez dans la main. Disons par simplicité que vous perdez en moyenne la somme de 684,10 (comme nous l'avons vu dans le précédent exemple) lorsque votre AQ ne sera pas la meilleure main. (Le mieux votre adversaire jouera, le plus haut sera ce nombre et c'est ce qui déterminera le bon et le mauvais joueur). Vous devriez maintenant miser d'un montant assez gros pour être certain que votre adversaire ne profitera pas des cotes implicites que vous lui offrez, mais d'un montant assez petit pour qu'il croit avoir les cotes nécessaires pour faire l'appel.

Nous savons que 85,51$ est suffisant pour éviter d'offrir de trop bonnes cotes à votre adversaire (pour une perte moyenne de 684,10), mais qu'en est-il maintenant? Vous devriez miser plus que ce montant. Mais vous ne devriez pas miser trop pour ne pas que votre adversaire n'appelle jamais la mise. Une fois que vous avez misé assez pour offrir à votre adversaire de très petites cotes implicites, vous voulez que votre adversaire appelle. Donc, ne le sortez pas de l'eau. Misez d'un montant qu'il pourra appeler.

Gardez à l'esprit que vos meilleurs adversaires vont toujours avoir à l'oeil le nombre d'argent qu'il restera dans votre stack pour estimer ce qu'ils pourraient retirer de leur tirage. Ensuite ils vont comparer ce montant à votre mise et décider s'ils peuvent courir leur tirage de manière profitable ou non. Idéalement, vous voudrez miser d'un montant que vous savez être trop gros pour qu'ils puissent appeler de manière profitable, mais qui sera assez petit pour les tenter.

Lorsque vient le temps de miser des bonnes mains avec des stacks profonds, misez suffisamment pour rendre les tirages de vos adversaires improfitables, mais pas trop pour qu'ils soient tentés de faire l'appel.

Considérations finales

Les cotes implicites sont le coeur de la stratégie avec stack profond. Le point le plus important dans n'importe quelle décision est la taille du stack restante. Le second point le plus important est à savoir si votre adversaire est du genre serré ou lousse. Chaque fois que vous avez une décision, vous devriez vous demander à vous-même: « Combien d'argent en moyenne, cette main pourra me rapporter ».

Ce que vous devriez avoir à l'oeil est combien d'argent il y a à gagner et combien d'argent vous pourriez gagner. Ensuite vous devez décider de l'action à prendre pour maximiser vos gains. Les cotes implicites sont au coeur même de cette réflexion.