Ne leur enlevez pas leur corde

Par Tommy Angelo
Dans le premier exemple de la section, vous aviez Ah-As sur un tableau Qd-7d-2c-4s, le pot était de 100$, vous aviez chacun 400$ devant vous et votre adversaire était sur un tirage à la flush au carreaux. Notre conclusion était que vous devriez miser au moins 40$ parce que son tirage était à 3.9 pour 1 et que vous lui offriez des cotes de 3,5 pour 1.

 


Reconsidérons le même exemple, sauf que maintenant, vous détenez Qh-Qs. Vous avez top set au lieu d'un surpaire et le 4d et 2d qui donnaient une flush à votre adversaire, vous donne à présent une main pleine. Votre adversaire a maintenant 7 outs au lieu de 9 et il est donc à 5,3 pour 1 de compléter sa main (7/44). En s'appuyant sur notre raisonnement précédent, nous devrions offrir des cotes au mieux de 5 contre 1. Nous devrions donc miser 25$ (lui offrant du 125$ pour 25$).

Mais notre dernier raisonnement ne tient à présent plus! Pourquoi pas? Parce que si le 4d ou le 2d sort, non seulement vous ne perdrez pas, mais vous risquez de gagner les 400$ restants à votre adversaire sur la rivière. Comparons les deux gains potentiels: un lorsque vous faites une grosse mise en forçant votre adversaire à se coucher et un autre lorsque vous checkez, en laissant votre adversaire courir des cartes gratuitement.

Si vous misez beaucoup et forcez votre adversaire  à se coucher, vous gagnerez chaque fois 100$. Donc, vos gains potentiels seront de 100$.

Si vous checkez, vous gagnerez $100 si aucun carreau ne tombe (35/44), vous ne gagnerez rien si un carreau ne formant pas de paire tombe (7/44) et vous gagnerez $500 ($100 + $400) si le 4 ou le 2 de carreau tombe (2/44). Vos gains potentiels si vous checkez sont de $102,28
 
$102,28 = (34/44)($100) + (7/44)($0) + (2/44)($500)
 
Étant donné que votre adversaire aura parfois la deuxième meilleure main et sera vidé de ses jetons, vous préféreriez qu’il ait un tirage gratuit, qu’il ne se couche. Le plus petit montant que vous pouvez miser ici n'est pas 25$ mais bien 0$.
 
Évidemment, vous aimeriez mieux miser afin que votre adversaire appelle plutôt qu’il ne check. Cependant, vous devriez miser un montant qui assurera l’appel de votre adversaire, même s’il s’agit d’un montant inférieur à $25 (même si dans ce cas, il ne le serait pas).
 
Si votre adversaire est sur un tirage qui lui donnera une deuxième meilleure main,
tentez de miser d'un montant dont vous êtes presque certain qu'il appellera.
Ne ratez pas l'occasion de ramasser tous ses jetons en le sortant de la main trop rapidement.
 

Votre adversaire pense qu'il peut avoir la meilleure main

Dans la discussion précédente, nous nous sommes concentrés sur les mains que votre adversaire pense devoir améliorer pour gagner. Dans ce cas, votre mise est grandement reliée au nombre de outs que vous pensez qu’il détient. Toutefois, ceci est moins important lorsque vous pensez qu’il a une main déjà toute faite que vous pouvez battre.
 
Par exemple, si sur le tournant, vous avez deux petites paires et que vous placez votre adversaire sur paire forte, il aura 8 outs. Cependant, ce fait n’est pas révélateur quant à votre choix de mise. Votre mise devrait être significativement supérieure à la mise minimum du tiers du pot puisque votre adversaire ne compte pas sur eux pour devoir gagner la main. Votre adversaire va probablement appeler une mise considérable, alors faite en une.
 
Toutefois, même lorsque vous choisissez une grosse mise parce que votre adversaire pense avoir la meilleure main, vous devriez quand même considérer s’il a des outs. S’il n’en a pas, et que vous pensez qu’il appellera X dollars 100% du temps, ou bien 2X dollars 50% du temps, sachez que les deux options ont le même potentiel de gains. Cependant, s’il a des outs, la plus grosse mise est mieux parce que vous gagnerez maintenant quelque chose lorsqu’il se couchera.

Vous pourriez ne pas avoir la meilleure main

Nos analyses précédentes ont toujours tenu compte du fait que nous avions la meilleure main et que nos adversaires étaient toujours sur des tirages (ou sur des secondes meilleures mains). En pratique, à moins de détenir les noix, vous ne serez jamais certain de détenir la meilleure main.

Plus votre adversaire a de chances d'avoir une meilleure main que vous,
moins vous devriez être porté à miser.

Si vous êtes certain que vous avez la meilleure main, le truc est de trouver la mise qui fera faire à votre adversaire la plus grosse erreur globale (selon votre main et son éventail de mains possible).

Mais si vous n'êtes pas certain, le fait de miser pourra être une erreur pour vous. Plus vous avez de chances d'être battu, plus grosse sera l'erreur de miser. À mesure que les chances que vous soyez battu augmentent, vous devriez tout simplement laisser votre adversaire courir ses cartes.

Le fait de checker est généralement le mieux pour vous si vous n'êtes pas favori et que vous parlez en dernier. Si vous êtes hors position cependant, quelques fois vous devriez faire une petite mise même si vous n'êtes pas favori. Vous faites ce jeu parce que vous suspectez votre adversaire de faire une plus grosse mise que vous si vous checkez. Ce genre de « petite mise pour en empêcher une grosse » est nommée « blocking bet » et nous l'analyserons en détail dans le chapitre « Blocking Bets » qui débute à la page 135.

Considérations finales

Vous avez à présent une solide base théorique sur la manière d'évaluer ses mises. Voici donc un rapide résumé des règles de base apprises:

  1. Misez suffisamment pour empêcher votre adversaire d'appeler de manière profitable.
  2. Si votre adversaire peut avoir un ou plusieurs tirages et que vous pouvez par conséquent perdre de l'argent sur la rivière, misez suffisamment pour lui couper les cotes implicites.
  3. Ne misez pas trop avec la meilleure main pour ne pas chasser votre adversaire de la main. Vous préférerez le voir quelques fois faire un mauvais appel que de le voir se coucher chaque fois.
  4. Ajustez vos mises pour maximiser vos gains, ce qui veut dire de multiplier la taille de son erreur possible par les chances qu'il a de faire cette erreur.
  5. Si votre adversaire peut avoir un ou plusieurs tirages, évaluez votre mise contre son éventail complet de mains. Quelques fois, cela voudra dire de le laisser courir ses cartes à trop faibles coûts avec de bons tirages et d'autres fois, de lui faire faire des erreurs en appelant incorrectement avec de faibles tirages.
  6. Si votre adversaire peut avoir une seconde meilleure main qui pourrait lui faire perdre beaucoup d'argent sur la rivière, gardez-le dans la main. Il est souvent préférable de faire une petite mise qui sera appelée qu'une trop grosse qui le chassera de la main.
  7. Ignorez son nombre de outs si vous pensez que votre adversaire a une main qu'il pense être meilleure que la vôtre, une main qui n'aura pas besoin d'être améliorée. Dans ce cas, votre mise devra être plus grosse que ce que les outs vous indiqueront de miser.
  8. N'oubliez pas que vous pourriez ne pas avoir la meilleure main. Moins vous pensez être devant dans la main, moins vous devriez être encouragé à miser. Si vous n'êtes pas favori, le fait de checker est généralement le mieux à faire pour vous si vous agissez en dernier, mais si vous êtes hors position, quelques fois vous devrez faire plutôt un « blocking bet » (une mise pour bloquer).