5 illusions sur l'entrepreneuriat (1ière partie)

Auteur: David "Chabz2001" Chabot

D'accord, je l'admets, je vais à la pêche aux clics avec un titre du genre. Mais j'ai quand même des choses à vous raconter; continuez à lire avant de me tirer des roches par courriel.

J'ai pensé écrire une série d'articles sur l'entrepreneuriat parce que je crois qu'une bonne proportion de la population ne comprend pas bien la réalité des entrepreneurs modernes. L'entrepreneuriat est un état d'esprit et un mode de vie qui est dénaturé de plus en plus dans les médias. Avec des émissions comme "Shark tank" ou "The apprentice", il est facile de tomber dans le panneau et romancer la réalité. Plusieurs semblent même croire que c'est facile de réussir sans trop d'efforts puisqu'à la télévision, on leur présente une vision élusive du monde des affaires.

 Je suis en affaire depuis 2008 et je suis moi aussi tombé dans certains pièges à-travers ma carrière. Je vous présente à partir d'aujourd'hui, les 5 illusions qui, à mon humble avis, ont le plus d'impact sur la perception du milieu des affaires et de l'entrepreneuriat en général. Je suis tombé dans tous ces panneaux et j'espère que mon histoire vous évitera de faire la même chose.

Illusion #5 - Le monde des affaires est une jungle et seuls les plus sauvages y survivent

Combien de fois avez-vous entendu dire que pour être bon en affaire, il fallait être un sans cœur qui jouait dur? Qu'on ne gagnait le respect de ses employés que par la discipline aveugle et de ses concurrents par l'intimidation? Selon mon expérience, la réalité se situe totalement à l'inverse. Sans devenir insouciant et détaché, il est important d'agir en humain compatissant afin de gagner le respect des gens qui nous entourent. Pas besoin de hurler pour se faire comprendre, un discours rationnel et mesuré a bien plus d'impact.

Lorsque je me présente dans un événement de réseautage (que je déteste pour mourir, j'y reviendrai peut-être dans un autre article), je remarque toujours la même attitude chez une majorité de participants. On parle de ses exploits, d'à quel point son commerce est le meilleur au monde et ô combien la concurrence est féroce. Dans ce contexte, il est impossible d'échanger honnêtement sur les réalités du monde des affaires et de s'entraider. Ce serait en théorie l'essence d'une chambre de commerce ou d'un regroupement d'affaires du genre. Pourtant, l'hostilité règne partout où on parle de commerce, d'affaires et de gros sous.

Quand j'ai débuté en affaire, j'étais rempli de ces idées. J'ai essayé de jouer un rôle différent de ce à quoi j'avais été éduqué dans ma jeunesse par les valeurs familiales. Sans surprise, j'avais simplement l'air d'un clown. Avec le temps, j'ai compris que d'être un humain décent ouvrirait plus de portes qu'il m'en fermerait. Ce que je considérais à tort comme une série de faiblesses dans mon caractère était en fait une force que j'aurais tout avantage à développer.

Qui aime vraiment se faire chanter des bêtises dans la vie? En adressant toutes les personnes à qui on parle comme des humains dotés d'intelligence, peu importe le sujet ou la requête, on crée un avantage stratégique indéniable. Par exemple, lorsqu'une discussion vire au vinaigre et que deux points de vue s'affrontent dans un cul-de-sac irréversible, j'aime admettre mes erreurs et proposer un compromis. Il peut sembler logique de rechercher le compromis, mais souvent, les interlocuteurs sont stoïques quant à leurs positions, au point d'en devenir agressifs et combatifs. À l'image du Judo, j'aime utiliser la force de mon adversaire contre lui. De changer le tempo d'une discussion aussi houleuse déstabilise l'adversaire et ouvre des opportunités qui n'auraient pas existé sinon.

L'humour est par ailleurs un outil puissant pour contrôler le tempo d'une relation d'affaires. Lorsque je mène mes affaires régulières avec mes collaborateurs, j'utilise toujours l'humour afin de rendre les échanges les plus informels possible. Ce faisant, je contrôle le rythme des échanges et des relations puisque je décide quand et comment le ton de la négociation changera. Comme la fable le veut, à force de crier au loup, plus personne ne s'y intéressera. En affaire, la même chose peut être dite pour ceux qui ne cessent de se plaindre. C'est celui qui n'a jamais de remontrance à formuler qu'on écoute le plus puisqu'il mesure ses paroles et utilise le ton sérieux seulement de façon raisonnable.

Un certain capital de sympathie est utile en affaire. Outre le fait qu'être gentil et chaleureux est agréable pour un humain, ces qualités sont aussi de puissants leviers pour la négociation. Certes, ça ne fonctionnera pas toujours avec des requins aux sens aiguisés, mais la majorité du temps on aura à négocier avec des gens pour qui un peu de chaleur humaine vaudra tout autant que l'argent en jeu. Au risque de sonner machiavélique, la gentillesse vaut son pesant d'or en 2014. Un compliment ou une remarque humoristique donnera souvent le ton aux discussions subséquentes et contribuera à faire tomber le mur de méfiance traditionnellement rencontré lorsqu'il est question d'argent.

De plus, en laissant une place à la discussion, plutôt que de tenter de tout démolir sur son passage, on crée l'opportunité d'apprendre des autres et de les impliquer dans les décisions. Cette implication est souvent motivante pour des employés ou avantageuses pour un partenaire d'affaires. Est-ce que de laisser la place à ses partenaires afin qu'ils tirent profit d'une situation est nécessairement mauvais? Évidemment que non, puisque dans une relation où une seule partie tire profit, personne n'y gagne vraiment à long terme.

Le discours environnant élève l'égoïsme et la force décisive au rang de religion. Bien sûr, certaines situations demandent d'être plus agressives dans ses actions. Mais règle générale, d'être une personne alerte et agréable à côtoyer rapportera beaucoup plus à long terme que de crier et d'essayer d'émuler Gordon Ramsay. La vie est une question d'équité, autant au sens financier que social. L'argent ne raconte pas toute l'histoire.

Prochain article :

Illusion #4 : Il est impossible de percer un marché déjà existant

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