La réciprocité des mises

Par Tommy Angelo
"Soixante-quinze pour cent des gens pensent qu'ils jouent mieux que l'autre 75% des gens." - Moi

Les mises de réciprocité sont la différence entre vos décisions de mises -- raise, bet, call, check, et fold -- et les leurs. Il y a deux façons bien claires de penser la réciprocité des mises. J'en ai parlé au début de cet article et j'aimerais développer un peu plus sur le sujet maintenant.
Une manière de ce faire est d'échanger les paramètres avec votre adversaire et de comparer. J'appelle ça "l'analyse de réciprocité."

L'autre manière de penser la mise de réciprocité nous amène à cette conclusion: "La main de Hold'em avec laquelle j'ai fait le profit réciproque le plus grand est Q-T. C'est la main que j'ai jouée le plus différemment de mes adversaires le plus souvent."

Après Q-T, la main qui m'a été le plus profitable est K-T. Ensuite JT, K-9, Q-9, Q-8, etc. La raison pour laquelle ces mains m'ont donné le plus de gains de réciprocité est parce que je les ai jouées de manière très différente de mon adversaire avant le flop.

Je vais lister la manière dont deux joueurs peuvent débuter une main, en débutant là où il y aura le moins de différence pour aller vers là où il y aura le plus de différences. Dans une situation préflop:

1) Si deux joueurs couchent une main, il n'y aura pas de gains de réciprocité. Les no-brainers seront les no-gainers (ceux qui ne feront pas de gain).

2) Les deux joueurs ont callé avant le flop ou s'ils ont tous les deux relancé, il n'y aura pas de flux d'argent entre les deux. Il pourra cependant y avoir des mouvements de réciprocité après le flop, dépendamment de la manière dont ces deux joueurs auront joué le flop et le reste de la main.

3) Un joueur call avant le flop et l'autre a relancé. Il y a ici un mouvement de réciprocité avec peut-être une réciprocité plus grande après le flop.
Donc, soit les deux joueurs voient le flop ou soit les deux ne le voient pas. Il existe deux autres scénarios possible:

4) Un joueur se couche avant le flop alors que l'autre call.

5) Un joueur se couche alors que l'autre aurait relancé.

S'il est vrai que la réciprocité la plus grande se produit lorsqu'un joueur se couche alors que l'autre aurait vu le flop, donc, la main la plus profitable sera celle qui sera le plus souvent jouée/couchée, ce qui est selon moi, par mes estimations, Q-T.

Après le flop, nous pourrons parler de réciprocité en parlant d'une simple mise, ou street pour faire des analyses de réciprocité. Par exemple, vous jouez du limit Hold'em sur la rivière et vous avez la meilleure main. Vous misez et votre adversaire call. Si la situation était inversée et que votre adversaire misait la rivière, auriez-vous appelé? Si la réponse est non, vous venez de gagner une mise. Si la réponse est oui, vous êtes donc à égalité.

Disons que Joe et Moe frappe tous les deux le flop. À un point dans la main, ils vont all in. En réalité Joe plume Moe. La question de réciprocité est de savoir si dans la situation inverse, Moe aurait plumé Joe? Si la réponse est non, Joe gagne la main et il aura plus d'argent à la fin en face de lui.

Jusqu'à maintenant, la réciprocité a été soit blanche, soit noire. Par exemple, lorsque le tilt de réciprocité fait circuler l'argent, nous savons de quel sens il circule. La même chose est vrai pour la réciprocité de la bankroll et les autres formes de réciprocité. Mais il y a une exception, et c'en est une grosse; la réciprocité des mises. Ici il y a des zones blanches, noires et des zones grises. Ici, l'incertitude est certaine. Et Dieu merci pour ça! C'est ce qui fait que le poker est ce qu'il est.

Graduation

Dans cette image, le blanc et le noir représentent les décisions de mises qui sont définitivement bonnes ou mauvaises et les différents tons de gris représentent toutes les autres.

Voici 2 exemples de décision noir/blanc.

1- Vous jouez une partie de Hold'em limit. Il y a 9 joueurs à votre table. Vous êtes under the gun et vous avez 2-7o. Devriez-vous relancer, caller ou folder?
2- Dans une partie de poker, vous êtes sur la rivière, vous avez la nuts et votre adversaire check. Devriez-vous checker ou miser?

Plus nous avançons vers le gris, plus les explications deviennent balancées et plus nos décisions deviennent difficiles. Une décision qui nous rend favori à 60-40 par exemple. Encore plus vers le gris, vous aurez des décisions à prendre où vous serez 50-50 ou presque. Des fois, que vous preniez une décision ou une autre, les conséquences à long terme seront les mêmes. Il y a des décisions qui importent moins que d'autres.

De plus, dans le centre-gris, il faudra discuter longtemps pour trouver la meilleure option. Vous pourrez discuter longtemps avec des gens intelligents et en arriver tous les deux à des conclusions différentes. Le centre gris est là où vous vous torturerez vous-même et vous poserez des questions du genre: "Est-ce que j'ai fait ce qu'il fallait cette fois?"

Et c'est pourquoi je dis:"Les décisions qui nous troublent le plus sont celles qui importent le moins."

Supposons que vous faites face à une décision difficile et que vous cherchiez la réponse. Vous voulez savoir si vous avez raison ou non.

ARRÊTEZ!

C’est une erreur. Simplement en pensant comme ça, à propos du bien et du mal, vous êtes en train de commettre une erreur. Si vous jouez une main, et que vous faites face à une décision difficile, puis que vous écrivez à ce sujet ou que vous en parliez, je pense que c’est bien, sérieusement. Même chose si vous parlez de mains que d’autres ont jouées. C’est très bon. Mais, soyez prudent. Ne tombez pas dans le piège des zones grises. Ne gaspillez pas votre précieuse énergie et ne perdez pas la raison. Si vous avez une réponse et que quelqu’un a une réponse différente de la vôtre, ne présumez pas que la vôtre est la bonne et que l’autre est la mauvaise.

Imaginons que je suis sur le bouton et que tout le monde autour de moi se couche. Tout dépendant de mes cartes, de mes adversaires et d’autres paramètres, soit le meilleur choix me semblerait évident, soit il ne le semblerait pas du tout. Devrais-je supposer qu’il y a toujours une bonne réponse? Même s’il y en a une, devrais-je supposer que je puisse toujours savoir cette réponse? Je pense que les réponses à ces questions sont non et non.

Voici un autre exemple. C’est sur le tournant, en jouant au limit hold’em. Il y a trois joueurs dans le pot. Je suis le deuxième à jouer. Le premier mise. Est-ce que je devrais raiser? Est-ce que je devrais appeler? Est-ce que je devrais me coucher? Ok, je vais vous en dire plus. J’ai une bonne paire. Celui qui a misé a soit pris une chance, soit il a un monstre. Je ne pourrais dire. Celui qui est derrière moi pourrait être très faible, avoir très peu de chances d'améliorer sa main contre ma main. Cependant, il joue tellement faiblement, qu’il pourrait être très fort et être sur le point de raiser. Ou peut-être est-il en train de courir des cartes et j'ai besoin ici de miser pour lui faire payer le prix maximum. Mais celui qui a misé pourrait me battre. Ou je pourrais peut-être même être "drawing dead". Si je raise, je lui ouvre la voie pour qu’il raise à nouveau. Hmm. Ce n’est pas facile. Devrais-je raiser? Devrais-je appeler? Devrais-je me coucher?

Je pense qu’il est tout à fait correct de croire en « l’inconnaissabilité ». Analysez, évaluez, méditez, et puis laissez aller. Résistez au piège des zones grises qui appâtent votre esprit. Lorsque vous étudiez une décision de mise, la vôtre ou celle d’un autre, à la table ou ailleurs, seul ou accompagné, rappelez vous que les débats mènent à des décisions difficiles, et que les décisions difficiles importent le moins, et que la réponse est parfois inconcevable. Ne vous vous attardez pas sur les décisions difficiles, ainsi, lorsque vous jouerez contre des gens qui s’y attarderont, vous ferez des gains de réciprocité dans la conservation de votre énergie et dans la préservation votre bien-être mental.   

Qu’est-ce que ça prend pour maximiser votre performance au poker? Trois choses. Vous devez avoir un meilleur jeu (A-game) qui est assez bon pour battre celui de quelqu’un d’autre. Vous devez jouer contre ces personnes. Et vous devez jouer votre meilleur jeu (A-game) à toutes les mains. Vous devez être présent. Si vous êtes en train de penser au passé, vous êtes, par définition, absent. Si vous voulez être dans le moment présent, prenez conscience que je ne sais jamais si j’ai joué la main d’une bonne ou d’une mauvaise façon. Je devrais donc simplement jouer la main!

Devenez bon, et restez bon lorsque vous jouez. C’est réellement tout ce que j’ai dit jusqu’à présent. C’est réellement tout ce que je dirai, à moi-même, ou à n’importe qui qui veut percer le secret du poker, qui finalement, n'est pas vraiment un secret. Alors, où intègre-t-on la réciprocité?

Je ne vois pas la réciprocité comme une théorie qui dit comment gagner au poker. Je la vois comme une façon de voir la victoire. La réciprocité est une lentille. Lorsqu’elle est braquée sur un choix, la solution amenée par la réciprocité révèle une grande et une petite différence; elle montre les options telles qu’elles le sont. Quand je regarde à travers de la lentille, je vois toutes les améliorations et toutes les détériorations progressives, les miennes et celles de mes adversaires, par rapport à la mise et à tout le reste, comme étant immédiatement récompensées ou punies par l’or de réciprocité. Le profit circule toujours, et c'est ce qui me motive.

Mais bon, comme je l’ai dit, c’est ma façon de voir les choses. Maintenant, la lentille est la vôtre. Dirigez-la à l’endroit que vous voulez, examinez ce que vous voulez et faites vos propres découvertes.