La philosophie de la taille du pot - Un exemple

Par Tommy Angelo
La première chose que vous aurez à faire est de présumer qu'il a une main avec laquelle il sera prêt à aller all in. Supposons qu'il a une paire d'as ou AK et formulons notre plan sur cette supposition. Pourquoi être si optimiste?

 

Supposons que vous vous retrouvez dans un partie de 2$-5$ avec des stacks de 500$. Vous êtes sur le big blind avec:

5h-5s

Un joueur a ouvert en position intermédiaire à 20$. Vous appelez. Le flop tombe:

Kh-9h-5c

et vous flopez un set.

Évidemment, vous voulez un gros pot. Votre but devrait être de mettre vos 480$ restants dans le pot. Ce sera difficile à faire si votre adversaire a relancé avec Ts-7s ou 2h-2c. Mais s'il a les as, AK ou même un tirage à la flush, vous aurez une bonne partie de son stack.

La première chose que vous aurez à faire est de présumer qu'il a une main avec laquelle il sera prêt à aller all in. Supposons qu'il a une paire d'as ou AK et formulons notre plan sur cette supposition. Pourquoi être si optimiste?

Vous êtes si optimiste parce que les autres suppositions ne sont pas importantes. Peu importe ce que vous ferez, vous obtiendrez le même résultat dans plusieurs situations. Si votre adversaire a une paire de 9 ou une paire de rois, vous serez destinés à tout perdre votre argent de toute manière. S'il a flopé deux paires, vous êtes destiné à gagner tout son argent, à moins qu'il frappe les cartes qui pourront le sauver. (Notez que vous serez destiné à gagner ou perdre tout un stack étant donné la taille des stacks. Si les stacks de départ avaient été 10x plus gros à 5000$, votre destiné aurait été différente).

S'il a une main plus faible et qu'il n'est habituellement pas un bluffeur, il n'y aura aucune manière pour vous de faire un gros pot. S'il a « ace high », vous aurez peut-être la chance de faire un peu d'argent si vous checkez le flop et que vous le laissez frapper sa carte. Mais contre la plupart des joueurs, vous ne ferez pas plus de profits, même dans cette situation. Vous avez seulement deux streets (périodes de mise) pour obtenir 480$ dans un pot qui a 40$. Cela nécessitera de votre part de très grosses mises et n'importe quel joueur avec seulement une paire sera (et avec raison) très suspicieux de votre mise. Vous gagnerez seulement un petit pot au final si le flop est checké.

Contre un adversaire qui n'est pas un bluffeur habituel, vos décisions seront plus importantes si votre adversaire peut avoir 1 main ou seulement quelques mains (son range): des bonnes, mais pas excellentes mains, quelque chose comme une paire d'as, AK ou un tirage à la flush. Votre stratégie devrait être construite contre cet éventail de mains.

Le meilleur moyen pour aller chercher le plus d'argent possible sera que votre adversaire ne se rende compte qu'il est battu que trop tard. Ne le laissez pas suspecter ce fait lorsqu'il y aura seulement 200$ dans le pot et 400$ derrière lui. Annoncez-lui la nouvelle quand il y aura 500$ dans le pot et 250$ derrière lui. Même s'il suspecte qu'il est battu, il pourra se sentir commis au pot (dans la plupart des cas, il aura raison) et il vous payera. Donc, si on revient un peu en arrière, vous devrez n'avoir plus que 250$ sur la rivière (ou environ). Comment devrez-vous miser pour mettre le premier 230$ dans le pot sans que cela ne soit trop suspect?

De manière générale, la mise de 250$ sera une mise de rivière ou sur le tournant. Vous pourriez vous retrouver all in sur le flop, mais si cela devait se produire, vous n'auriez pas besoin de faire beaucoup de planification. Cela voudra dire que votre adversaire aussi avait l'intention d'aller all in sur le flop.

Le premier 230$ à miser pourra être divisé de deux manières différentes: une mise de 70$ et une autre de 160$ ou une mise de 30$, une autre de 70$ et une de 130$. (Les montants sont évidemment approximatifs. Le processus exact est aussi approximatif. Le plan pourra être changé ou abandonné complètement tout dépendamment de ce qui se passera). En résumé, vous devrez diviser votre 230$ en deux ou trois parties, chacune plus grosse que la précédente.

Vous devrez la diviser en deux ou trois parties selon votre adversaire. La mise de 70$ et de 160$ aura le bon côté de ne donner que très peu de chances à votre adversaire de déterminer la force de votre main.

Supposons que vous misiez 70$ sur le flop et qu'il appelle. Ensuite, vous devriez miser 160$ sur le tournant. Devra-t-il appeler? Aller all in? Se coucher? N'importe quel joueur avec une paire d'as ou AK aura une décision très difficile à prendre parce que ces joueurs ne disposeront que de très peu d'informations sur la force de votre main. Il est clair que vous misez fortement, mais vous ne savez pas si cette main en est une forte. Peut-être essayez-vous de pousser une main plus faible. Il sera difficile pour lui de le dire et à la fin, il finira pas devoir deviner ce que vous détenez. Peu importe ce que votre adversaire pensera que vous avez, vous serez en bonne position. Certaines fois son hypothèse sera erronée et vous gagnerez son stack.

Le côté négatif de diviser sa mise en deux parties est que ça vous forcera à overbetter sur le flop. Premièrement, vous miserez 70$ dans un pot de 40$ et ensuite 160$ dans un pot de 180$. Ces grosses mises (comparées à la taille du pot) vont peut-être rendre inquièt votre adversaire. Il pourra voir ces grosses mises et se coucher s'il est un joueur timide ou solide.

Votre overbet au flop sortira de l'ordinaire pour quelques joueurs habitués. Ils pourront sentir que vous les incitez à jouer un gros pot et c'est ce qui pourra les inciter à abandonner le pot. C'est pourquoi il est si important de penser non seulement à ce que votre adversaire a, mais aussi à ce que votre adversaire pense que vous pouvez avoir parce que ça modifiera la manière qu'il aura d'interpréter vos mises. Certains joueurs verront les overbets comme de la semi-faiblesse et d'autres, comme de la force.

Le découpage de la mise en 3 parties (30$, 70$, 130$) ne nécessite aucun overbet. Vous misez initialement 30$ dans un pot de 40$, 70$ dans un pot de 100$ (40$ plus deux mises de 30$) et ensuite 130$ dans un pot de 240$ (100$ plus les deux mises de 70$).

Le côté négatif de ce découpage est que votre adversaire devra miser ou relancer au moins une fois pendant ces deux périodes de mise. Si vous voulez miser 250$ sur la rivière comme mise finale, vous devrez mettre 30$, 70$ et 130$ sur le flop et le tournant. Vous ne pourrez pas mettre ces trois mises si votre adversaire ne fait qu'appeler. Si vous misez 30$ et ensuite 70$, il restera 380$ derrière vous à la fin.

Si vous pouvez compter sur votre adversaire pour relancer au moins une fois dans la main avec AA ou AK, le découpage en 3 parties pourra être la bonne solution. Particulièrement si vous pouvez compter sur votre adversaire pour relancer le flop et miser le tournant si vous checkez. Vous misez 30$ sur le flop et vous êtes relancé à disons 70$ (ou plus). Ensuite vous checkez le tournant (et espérez que votre adversaire mise à 130$ et 250$ sur la rivière).

Malheureusement, le check-raise est une arme très puissante et elle pourra intimider plusieurs joueurs, particulièrement si vous avez beaucoup d'argent dans votre stack. Vous pourrez perdre votre adversaire, spécialement après la mise de 130$ sur le tournant. (Check-raiser le flop et checker le tournant ne fonctionnera généralement pas plus parce que la plupart des adversaires vont aussi checker le tournant).

Vous pouvez aussi checker et appeler sur le flop en planifiant de check-raiser le tournant. Mais à nouveau, cette arme est très puissante et vous perdrez plusieurs joueurs sur des check-raises.

La jeu correct dépendra d'un adversaire à l'autre. Si votre adversaire appelle des grosses mises trop souvent, mais ne relance pas assez souvent, la division en deux mises devrait être la meilleure. Si votre adversaire est hyperagressif et semble être capable de faire de gros fold, allez-y avec la division en trois mises et laissez-le vous relancer. Si vous avez récemment été pris dans un check-raise bluff, toutes les options qui impliquent un check-raise deviennent attirantes. Votre adversaire va se rappeler de votre check-raise et vous surveillera.

La philosophie générale devra être la même, peu importe votre adversaire ou la situation. Vous avez une grosse main et les grosses mains sont destinées à gagner de gros pots. Réfléchissez aux actions à venir et voyez comment vous devrez diviser vos mises pour gagner un gros pot. Imaginez comment grosse vous voudrez votre prochaine mise et travaillez autour de celle-ci. Comment pourrez-vous maximiser vos chances de gagner un gros pot? Combien de divisions aurez-vous besoin pour ce faire? Est-ce que les tendances de votre adversaire nécessitent un jeu plutôt qu'un autre?

Peut-être ce procédé semblera encombrant ou superflu pour vous maintenant. Tellement de choses peuvent arriver. Peut-être pensez-vous que vous devez jouer une street à la fois. Mais cette manière de planifier ses mises et de manipuler la taille du pot est la clé du succès pendant les parties avec stacks profonds au Hold'em sans limites. Apprenez à réfléchir de cette manière chaque main et vous ne le regretterez pas.